Les versets non explicites

Dans la langue arabe, il y a de grandes possibilités d'utilisation des sens figurés et beaucoup de richesse dans le langage. De plus, les compagnons du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam connaissaient les racines des mots et comprenaient leurs diverses significations. Celui donc qui ne s'autorise jamais à expliquer les textes par un autre sens que le sens apparent, c'est en raison de son peu de compréhension de la langue arabe. Quant à celui qui a de vastes connaissances dans la langue arabe d'origine [- la langue dans laquelle a été révélé le Qour'an -], il lui est facile de comprendre les sens réels.

Nous allons citer certains versets non explicites tirés du Qour'an.

Allah ta^ala dit :

كُلُّ شَىْءٍ هَالِكٌ إِلاَّ وَجْهَهُ

(koullou chay'in halikoun 'il-la wajhah)

ce qui signifie : "Tout sera anéantie [- à la surface de la terre -] sauf Sa souveraineté" [sourat Al-Qasas / 'ayah 88].

L'Imam Al-Boukhariyy [- qui fait partie des savants du Salaf -] a dit dans son Sahih, dans le chapitre sur l'exégèse du Qour'an : « La signification de ('il-la wajhah) est ('il-la moulkah) », c'est-à-dire tout sera anéanti sauf Sa souveraineté. Il n'a pas expliqué le terme (wajh) par "le visage", comme le font à tort les assimilateurs, ceux qui font ressembler Allah à ses créatures. Ces assimilateurs s'imaginent qu'au Jour du Jugement, tout sera anéantie, et ils interprètent cette 'ayah en disant qu'il ne restera que le "visage de Dieu", que Allah nous préserve d'une telle croyance.

Allah ta^ala dit :

تَجْرِي بِأَعْيُنِنَا 

(tajri bi 'a^younina)

ce qui signifie : "Et l'arche [- de Nouh -] vogue sous Notre protection" [sourat Al-Qamar / 'ayah 14].

Il n'est pas visé dans ce verset que Allah aurait des yeux et que l'arche de Nouh aurait vogué sous les "yeux de Dieu" comme le prétendent les assimilateurs, seulement (al-^ayn) ici vient dans le sens de la protection tout comme l'ont dit les spécialistes de l'exégèse.

Allah ta^ala dit dans sourat Sad, verset 75 :

مَا مَنَعَكَ أَنْ تَسْجُدَ لِمَا خَلَقْتُ بِيَدَيَّ

(ma mana^aka 'an tasjouda lima khalaqtou biyadayy)

ce qui signifie : « Qu'est-ce qui t'a empêché de te prosterner pour ce que J'ai créé biyadayy »Dans ce verset, le terme (biyadayy) ne signifie pas le sens qui vient communément à l'esprit et qui est : "avec mes deux mains". Ceci est la prétention des assimilateurs qui s'imaginent que Allah aurait des organes, et que parmi eux, Il aurait deux mains, un visage, un pied, des doigts. Ces gens ont plongé tête baissée dans l'assimilation (at-tachbih). Le sens correct, qui est conforme à la langue arabe, et que les savants ont indiqué pour ce verset, c'est qu'il est permis de dire que ce qui est visé par le terme biyadayy c'est al-^inayah [- le fait de créer en accordant un honneur -] et al-hifdh [- la protection -].

Pour la signification de Sa parole ta^ala dans sourat Adh-Dhariyat, verset 47 :

وَالسَّمَاء بَنَيْنَاهَا بِأَيْدٍ وَإِنَّا لَمُوسِعُونَ

(wa s-sama'a banaynaha bi'aydin wa 'inna lamouci^oun)

Ibnou ^Abbas a dit : « (bi 'aydin) c'est-à-dire par une puissance (bi qoudrah). Ce n'est pas la main qui est visée ici car Allah est exempt d'une telle chose » [fin de citation].

Allah ta^ala dit :

يَدُ اللهِ فَوْقَ أَيْدِيهِمْ

(yadou l-Lahi fawqa 'aydihim)

ce qui signifie : "Allah a accordé un soutien et une bénédiction à ceux qui s'étaient engagés par un pacte à ne pas désobéir".

Il n'est pas visé ici le sens de l'organe, comme se l'imaginent les assimilateurs, qui prétendent que : "la main de Dieu serait au dessus de la main de ces compagnons qui avait conclu cet engagement". Seulement (al-yad) ici c'est dans le sens de al-^ahd  [- du témoignage de soutien et de bénédictions -], tout comme les gens de science l'ont mentionné.

Quant à Sa parole ta^ala : 

وَمَكَرُوا وَمَكَرَ اللهُ وَاللهُ خَيْرُ الْمَاكِرِينَ

(wa makarou wa makara l-Lahou wa l-Lahou khayrou l-makirin)

ce qui signifie : « Ils rusent et Allah rétribue leur ruse d'un châtiment venant d'où ils ne s'y attendent pas » [sourat 'Ali ^Imran / 'ayah 54].

Al-makr de la part des créatures est une perfidie et une tromperie pour faire parvenir la nuisance à autrui en utilisant une ruse. De la part de Allah, c'est la rétribution des perfides par le châtiment, d'une manière à laquelle ils ne s'y attendaient pas. Ainsi, Al-makr dans le sens de la perfidie est impossible s'agissant de Allah, car il s'agit d'un attribut d'imperfection et Allah dit à Son sujet : 

وَلِلَّهِ الْمَثَلُ الأَعْلَى

(wa li l-Lahi l-mathalou l-'a^la)

ce qui signifie : « Allah a les attributs [- de perfection -] qui ne sont pas tels que les attributs d'autres que Lui » [sourat An-Nahl / 'ayah 60].

Il en est de même pour Sa parole ta^ala :

اللهُ يَسْتَهْزِئُ بِهِمْ

(Allahou yastahzi'ou bihim)

qui signifie : « Allah les rétribue pour leur moquerie » [sourat Al-Baqarah / 'ayah 15]. Le sens qui vient communément à l'esprit de la 'ayah et qu'il ne faut pas retenir est que Allah se moquerait d'eux, ce qui signifierait une humeur au sujet de Allah et ceci est impossible car Il est exempt des changements d'humeur, et le changement est impossible au sujet de Allah.

Les musulmans disent cette parole très répandue au sujet de Allah :

سبحان الذي يُغَيِّر و لا يَتَغَيَّر

(soubhana l-Ladhi youghayyir wa la yataghayyar)

ce qui signifie : « Dieu est exempt d'imperfection, Il fait changer les créatures alors que Lui ne change pas ».

Les savants ont dit : « Nous croyons en la confirmation de ce qui nous est parvenu dans le Qour'an et les hadith sahih, par exemple al-wajh, al-yad, al-^ayn, ar-rida, al-ghadab et autres, comme étant des attributs que Allah sait et sans considérer que ce sont des organes de sens ou des humeurs (al-'infi^al) comme nos mains, nos visages, nos yeux ou notre colère ».

Allah ta^ala dit :

يَوْمَ يُكْشَفُ عَنْ سَاقٍ

(yawma youkchafou ^an saq)

ce qui signifie : « Allah fera apparaître des épreuves terribles au Jour du Jugement » [sourat Al-Qalam / 'ayah 42].

Le sens apparent du terme saq, c'est le sens du membre inférieur qui est constitué de la peau, de la chair, des os, des ligaments et de la moelle. Bien sûr, on ne peut pas attribuer à Allah ce sens, qui correspond à un organe.

Le terme (as-saq) peut avoir dans la langue arabe le sens de la très grande difficulté. Quant aux assimilateurs, eux, ils expliquent (^an saq), en disant que Allah ta^ala dévoilera sa jambe au Jour du Jugement, que Allah nous préserve d'un tel égarement. Quelle compréhension erronnée ! L'Imam Al-Bayaqiyy a rapporté dans son livre Al-'Asma'ou wa s-Sifat que le compagnon Ibnou ^Abbas a interprété (as-saq) cité dans cette 'ayah par "une grande difficulté et une forte angoisse", et ce, en raison des évènements terribles qui auront lieu au Jour du Jugement.

Quant à Sa parole ta^ala :

يَخَافُونَ رَبَّهمْ مِن فَوْقِهِمْ 

(yakhafouna rabbahoum min fawqihim)

qui signifie : « Ils craignent Allah Lui Qui les domine par Sa toute-puissance » [sourat An-Nahl / 'ayah 50]. Ainsi (min fawqihim) signifie la domination par la toute puissance (al-qahr) et non l'élévation par l'endroit.

Allah a ainsi pour attribut l'élévation par le mérite (al-^oulouww) et la supériorité (fawqiyyah) du degré et de l'éminence et Il est exempt du fait d'être dans un endroit et Il est exempt de la proximité par la distance.

Pour la signification de Sa parole ta^ala dans sourat Al-Moulk, verset 16 :

أَأَمِنتُم مَّن فِي السَّمَاء أَن يَخْسِفَ بِكُمُ الأَرْضَ 

('a'amintoum man fi s-sama'i 'an yakhsifa bikoumou l-'ard)

le Moufassir [- spécialiste de l'exégèse -] Al-Fakhr Ar-Razi dans son Tafsir, ainsi que Abou Hayyan Al-'Andalouciyy dans son livre Al-Bahrou l-Mouhit ont dit : « Ce qui est visé par (man fi s-sama') « qui est au ciel », ce sont les anges. Il n'est pas visé par-là que Allah habiterait le ciel ».

 

Par ailleurs, que dirait celui qui empêche de faire le ta'wil [- c'est à dire l'interprétation par un autre sens que le sens apparent -] au sujet de la parole de Allah concernant notre maître Ibrahim ^alayhi s-salam lorsqu'il a dit :

 إِنِّي ذَاهِبٌ إِلَى رَبِّي

('inni dhahiboun 'ila rabbi)

ce qui signifie : « Je vais là où mon Seigneur m'a ordonné d'aller ! » [sourat As-Saffat / 'ayah 99].

Ibrahim ^alayhi s-salam se dirigeait vers la Palestine. Est-ce que, selon la prétention des assimilateurs, ceux-ci iraient jusqu'à dire que Allah habiterait la Palestine ou bien vont-il ici faire un ta'wil (une interprétation) pour considérer le sens ce verset de manière conforme avec les versets explicites ?!

Avant de passer au chapitre suivant concernant l'explication des hadith non explicites, il convient de rappeler que la bonne compréhension des textes de la révélation nécessite une connaissance de la langue arabe.

 

Pour faire une comparaison du niveau de compréhension dans la langue arabe, de la part des assimilateurs, ceux qui font ressembler Allah à ses créatures,  leur niveau ressemble au niveau de compréhension dans la langue française d'une personne qui, après avoir entendu les expressions suivantes, les comprendraient uniquement dans le sens apparent, en rejetant tout autre sens, voyez le résultat : parmi les expressions que nous pouvons citer, il y a "Jeter un oeil" [- qui signifie : surveiller, ou protéger -], ou l'expression : "Avoir le dessus sur son adversaire" [- qui signifie : vaincre son adversaire -], ou l'expression "Il a la main mise sur les décisions de ces dirigeants" [- qui signifie qu'il a influencé et contrôlé les décisions de ces dirigeants -], ou encore l'expression "Prêter l'oreille" [- qui signifie : écouter avec attention -] ou enfin l'expression "Je garde cet enfant sous mon aile" [- qui signifie : je garde cet enfant sous ma protection et mon soutien -].

 

Imaginez maintenant ce que comprendrait une personne qui ne retiendrait que le sens apparent de ces expressions ... et bien malheureusement, c'est ce que font ces assimilateurs ignorants de la langue arabe, lorsqu'ils prétendent que Allah aurait des mains, un visage, des pieds, qu'Il serait au dessus de ses créatures physiquement dans la direction du haut, qu'Il serait à la fois installé sur un trône et en même temps continuellement en mouvement entre le trône et le ciel. Ce sont ces croyances là que les égarés anthropomorphistes propagent de nos jours.