Les hadith non explicites

Al-Boukhariyy a rapporté que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wa sallam a dit :

سَبْعَةٌ يُظِلُّهُمُ اللَّهُ فِي ظِلِّهِ يَوْمَ لاَ ظِلَّ إِلاَّ ظِلُّهُ

  (sab^atoun youdhil-louhoumou l-Lahou fi dhil-lih yawma la dhilla 'il-la dhillouh)

ce qui signifie : "Il y a sept catégories de personnes que Allah protègera à l'ombre du Trône, le Jour où il n'y aura pas d'autres ombres que l'ombre du Trône".

Ce hadith ne signifie donc pas comme le prétendent faussement les moujassimah [- ceux qui attribuent à Allah le corps -], que ces sept catégories de personnes seront sous l'ombre de Dieu au Jour du Jugement. Ces égarés ont clairement affichés leur croyance anthropomorphiste en donnant à ce hadith une telle  signification. En réalité, il s'agit ici d'une indication que l'ombre en question correspond à l'ombre d'une chose honorée (at-tachrif) selon le jugement de Allah, et il s'agit du Trône.

Al-Bayhaqiyy a rapporté dans son livre Al-'I^tiqad que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam a dit :

َما مِنْ قَلْبٍ إِلا بَيْنَ إِصْبِعَيْنِ مِنْ أصَابِعِ الرَّحْمن إنْ شَاءَ أقَامَهُ وَإنْ شَاءَ أزَاغَهُ

(ma min qalbin 'il-la bayna 'isbi^ayni min 'asabi^i r-rahman 'in cha'a 'aqamahou wa 'in cha'a 'azaghahou)

ce qui signifie : « Il n'y a pas un seul cœur sans qu'il ne soit sous la domination de Allah, s'Il veut Il le met sur la droiture et s'Il veut Il l'en détourne ».

Là encore, ce hadith n'est pas à prendre selon le sens apparent. Ceux qui le prennent dans le sens apparent s'imaginent que Allah aurait deux doigts avec lesquels Il ferait changer le coeur des gens. Bien sûr, le sens correct qui est conforme avec les expressions utilisées par les arabes, c'est ici le sens de la domination, du fait que les coeurs des gens sont sous la domination de Allah.

Al-Boukhariyy a rapporté que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam a dit :

 إِذَا كَانَ أَحَدُكُم فِي صَلاَتِهِ فَإِنَّهُ يُنَاجِي رَبَّهُ فَلاَ يَبْصُقَنَّ فِي قِبْلَتِهِ

 

وَلاَ عَنْ يَمِينِهِ فَأِنَّ رَبَّهُ بَيْنَهُ وَ بَيْنَ قِبْلَتِهِ 

('idha kana 'ahadoukoum fi salatihi fa 'innahou younaji rabbahou fala yabsouqanna fi qiblatihi wa la ^an yaminihi fa 'inna rabbahou baynahou wa bayna qiblatihi)

ce qui signifie :  « Lorsque l'un de vous est dans la prière, il implore et invoque son Seigneur, qu'il ne crache pas en direction de la qiblah ni à droite, certes les manifestations de la miséricorde de Allah sont entre lui et la qiblah ».

Ici encore, ce hadith n'est pas à prendre dans le sens apparent, car le sens apparent ferait croire que Allah serait localisé entre celui qui prie et la qiblah [- la direction pour la prière -]. Le sens apparent de ce hadith signifierait que Allah serait localisé en face de chaque croyant faisant la prière, et ce sens contredit la croyance en l'unicité de Allah. C'est pourquoi, il est impératif de l'interpréter. Le sens correct, c'est qu'il s'agit ici de manifestations de la miséricorde de Allah qui sont particulières à ceux qui font la prière.

Par ailleurs, Mouslim a rapporté que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wa sallam a dit : 

 أَقْرَبُ مَا يَكُونُ العَبْدُ مِنْ رَبِّهِ وَهُوَ سَاجِدٌ     

('aqrabou ma yakounou l-^abdou min rabbihi wa houwa sajid)    

ce qui signifie : « Le moment [dans la prière] où l'esclave est le plus proche de l'agrément de Son Seigneur, c'est lorsqu'il est en prosternation. » Ce hadith ne signifie en aucun cas qu'il s'agirait d'une proximité par l'endroit, mais il s'agit d'une proximité par l'agrément et l'obéissance. Il est donc un devoir de donner à ce hadith une interprétation par un autre sens que le sens apparent, c'est ce qu'on appelle un ta'wil.

Al-Boukhariyy a rapporté également de Abou Mouça Al-'Ach^ariyy que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wa sallam a dit :

 إِرْبَعُ ا عَلَى أَنْفُسِكُم فَأِنَّكُمْ لاَ تَدُعُونَ أَصَمَّ وَلاَ غَائِبَا

 

إِنَّكُمْ تَدْعُونَ سَمِيعًا قَرِيبَا، وَالَّذِي تَدْعُونَهُ أَقْرَبُ إِلَى أَحَدِكُمْ

 

مِنْ عُنُقِ رَاحِلَةِ أَحَدِكُمْ  

('irba^ou ^ala 'anfoucikoum fa 'innakoum la tad^ouna 'asamma wa la gha'iba, 'innakoum tad^ouna sami^an qariba, wa l-ladhi tad^ounahou 'aqrabou 'ila 'ahadikoum min ^ounouqi rahilati 'ahadikoum

ce qui signifie : « Ménagez vos efforts, vous n'invoquez ni un sourd ni un être à qui des choses échappent. Certes, Celui que vous invoquez, entend et rien n'échappe à Sa science, et Il est Qarib et Celui que vous invoquez sait tout de vous ».

Le terme (qarib) au sujet de Allah ne signifie pas une proximité par la distance, mais il signifie que Allah sait à notre sujet plus que ce que nous-même savons à notre sujet [- Il sait notre réalité, nos intentions, nos actes apparents et cachés, et Il sait notre avenir et notre destinée -].

Par ailleurs, le sens apparent de la parole (wa l-ladhi tad^ounahou 'aqrabou 'ila 'ahadikoum min ^ounouqi rahilati 'ahadikoum) serait que Allah serait plus proche de nous que le coup de la monture de l'un d'entre nous. Mais ce sens apparent est impossible selon la raison au sujet de Allah et il contredit plusieurs textes. C'est pourquoi il est interprété par le fait que Allah sait parfaitement toute chose.

Pour ce qui est du hadith rapporté par At-Tirmidhiyy qui est :

الرَّاحِمُونَ يَرْحَمُهُمْ الرَّحْمَنً أِرْحَمُوا مَنْ فِي اْلأَرْضِ يَرْحَمْكُمْ مَنْ فِي السَّمَاءِ 

(ar-rahimouna yarhamouhoum  ar-rahmanou 'irhamou man fi l-'ardi yarhamkoum man fi s-sama')

ce qui signifie : « C'est Celui Qui est Très miséricordieux qui leur fait miséricorde, faites miséricorde à qui est sur terre alors, ceux qui sont au ciel vous feront miséricorde ».

Et dans une autre version de ce hadith : 

يَرْحَمْكُمْ أَهْلُ السَّمَاءِ 

(yarhamkoum 'ahlou s-sama')

ce qui signifie : « Les habitants du ciel vous feront miséricorde ».

Cette deuxième version du hadith explique la première car la meilleure façon d'expliquer un hadith c'est par une autre version de ce hadith tout comme l'a dit le Hafidh Al-^Iraqiyy.

Donc le terme (man fi s-sama') qui peut désigner aussi bien un pluriel qu'un singulier est ici expliqué par un pluriel : "ceux qui sont au ciel", c'est-à-dire les anges, conformément à ce qui est rapporté dans la deuxième version du hadith. Les égarés assimilateurs prétendent que ce hadith serait une preuve que Allah habiterait le ciel, car ils disent que (man fi s-sama') désignerait Allah. 

Par ailleurs, Al-Boukhariyy a fait l'interprétation de ad-dahik au sujet de Allah par (ar-rahmah), c'est-à-dire la miséricorde [- ceci a été rapporté par l'Imam Al-Bayhaqiyy dans son livre Al-'Asma'ou wa s-Sifat -]. Le Hafidh Ibnou Hajar dans le commentaire du Sahih de Al-Boukhariyy a dit ce qui suit : « Al-Khattabiyy a dit : Al-Boukhariyy a fait l'interprétation de ad-dahik à une autre occasion dans le sens de ar-rahmah, la Miséricorde, ce sont des sens proches et s'il interprétait dans le sens de l'agrément ce serait encore mieux ». Quant aux assimilateurs, ils prétendent que ad-dahik signifierait que Allah sourit, ils auront encore une fois de plus fait ressembler les attributs de Allah aux attributs des créatures.