Explication d'un hadith

Pour ce qui est de la parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam :

وكلُّ محدثَةٍ بدعةٌ وكلُّ بدعةٍ ضلالةٌ

(wa koullou mouhdathatin bid^ah wa koullou bid^atin dalalah)

Ce hadith rapporté par l'Imam Mouslim dans son Sahih ne signifie pas que toutes les bid^ah dans l'absolu sont interdites. Les savants ont dit au sujet de ce hadith que le terme bid^ah concerne ici la mauvaise innovation. Ce hadith doit être expliqué dans ce sens, sinon, cela induirait que les paroles du Prophète se contrediraient. Les termes de ce hadith font partie de ce que l'on appelle dans la science du hadith :

العامّ المخصوصِ

 

(al-^ammou l-makhsous) c'est-à-dire que le terme du hadith est général mais la portée est restreinte, et c'est ce qu'a cité An-Nawawiyy à propos de ce hadith dans son commentaire du Sahih de Mouslim [- dans le sixiète tome -]. Le fait de restreindre la portée générale d'un texte avec une preuve textuelle est quelque chose d'accepté chez tous les savants. En effet, les paroles du Prophète ne se contredisent pas et les hadith s'expliquent les uns les autres.

Le Hafidh Al-^Iraqiyy a dit dans sa 'Alfiyyah :

وَخَيْرُ مَا فَسَّرْتَهُ بِالْوَارِدِ

(wa khayrou ma fassartahou bi l-waridi)

c'est-à-dire que la meilleure manière d'expliquer un hadith est de le faire par un autre hadith.

Remarque : le terme "koullou bid^ah" cité dans le hadith ne veut pas dire ici "toutes les innovations [- dans l'absolu -]". La preuve que ce mot peut venir dans un autre sens, c'est la 'ayah du Qour'an :

تُدَمِّرُ كُلَّ شَىْءٍ بِأَمْرِ رَبِّهَا

(toudammirou koulla chay'in bi 'amri rabbiha) [sourat Al-'Ahqaf / 'ayah 25]

Cette 'ayah fait référence au vent qui fut un châtiment d'extermination pour les mécréants du peuple de ^Ad. Cette 'ayah ne signifie pas que ce vent a détruit tout ce qui existe dans l'absolu [- puisque nous savons qu'il n'a pas détruit la terre, ni le Paradis, ni les cieux, ... -].

De même, il est rapporté dans le hadith la parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wa sallam :

كُلُّ عَيْنٍ زَانِيَةٌ

(koullou ^aynin zaniyah)

qui signifie : « La plupart des yeux tombent dans le péché », et il est connu dans la Loi que ce hadith ne concerne pas les yeux des Prophètes ^alayhimou s-salatou wa s-salam.