Récit de l'invocation exaucée

Un jour, un commerçant invita l'un de ses amis à partager un dîner avec lui. Quand ils eurent terminés de manger, ils décidèrent de commander du vin pour en rechercher l'ivresse. Ce soir là, l'un de ses employés nommé Mansour avait finit son service tard dans la soirée.

Le commerçant ordonna à Mansour d’aller au marché pour leur ramener du vin. Il lui dit d'un ton menaçant : « Prends ces quatre dirham, et achètes-moi du vin, et si tu n'en ramènes pas, je ne te donnerai plus de travail et tu resteras sans ressources ».

Mansour pris les quatre dirham mais n'avait pas l'intention d'aider cet homme à désobéir à Allah. Il s'est rappelé la parole de Allah ta^ala :

وَمَن يَتَّقِ اللهَ يَجْعَل لَّهُ مَخْرَجًا وَيَرْزُقْهُ مِنْ حَيْثُ لا يَحْتَسِبُ

(wa man yattaqi l-Lah yaj^al lahou makhraja wa yarzouqhou min haythou la yahtasib)

ce qui signifie : "Celui qui fait preuve de piété à l'égard de Allah, Allah lui accorde des issues et une subsistance d'une voie à partir de laquelle il ne s'attendait pas".

Il partit en direction du marché en réfléchissant à la manière dont il pourrait faire en sorte de ne pas désobéir à Allah tout en conservant son travail auprès de ce commerçant. Il se dit finalement qu'il préférait se fier à Allah et chercher un autre travail, plutôt que d'aider une personne à commettre un tel péché.

Lorsqu'il s'apprétait à retourner auprès du commerçant pour lui rendre son argent, Mansour passa près d'une mosquée où il entendit la voix d'un homme qui exhortait les gens, c'était le Chaykh Mansour Ibnou ^Ammar. Il parlait aux gens qui se tenaient assis en cercle autour de lui. Mansour s'approchait alors pour entendre les conseils que prodiguait ce Chaykh.

Il entra dans la mosquée et trouva que le Chaykh demandait à l'assemblée de donner des aumônes pour un pauvre qui était assis auprès de lui. Et il disait : «  Celui qui donnera à ce pauvre quatre dirham, je ferai en sa faveur quatre invocations, et tous ceux qui sont présents diront 'amin ».

C'est alors que Mansour s'avança auprès du Chaykh. Il donna au pauvre quatre dirham qui lui appartenaient, conservant ainsi les quatre autres dirham que lui avait donné le commerçant. Le pauvre qui reçut ce don pleura de joie. C'est alors que le Chaykh dit à Mansour : « Jeune homme, que veux-tu que je fasse comme invocation pour toi ? ». Mansour dit : « Je voudrais que Allah ta^ala fasse que je conserve mon travail ». C’est alors que le Chaykh fit une belle invocation et tous les gens dirent d'une même voix : « 'amin » de sorte que tout l'endroit tremblait à la force du son.

Le Chaykh dit ensuite à Mansour : « Et quelle est donc ta deuxième demande ? ». Il lui répondit : « Je souhaite échapper à ce qu'on m'a demandé de faire. Mon patron me demande de faire un acte que Allah ta^ala n'agrée pas et qui me ferait charger d'un grand péché. Je demande à Allah ^azza wa jall qu'Il me facilite pour ne pas utiliser de l'argent pour commettre l'interdit et je Lui demande qu'Il fasse qu'il y ait des bénédictions dans mes biens ». C'est alors que le Chaykh leva les mains et lui fit des invocations pour que Allah remplace ce que Mansour avait donné par ce qui est plusieurs fois supérieur à cela et qu'Il fasse qu'il y ait des bénédictions dans ses biens, et les gens de l'assistance dirent tous ensemble « 'amin ».

Le Chaykh lui dit : « Et maintenant, quelle est donc la troisième invocation que tu veux que je fasse, afin que ceux qui sont présents disent 'ami? ». Mansour, craintif pour lui-même et pour son patron, ne voulant pas désobéir à Allah, lui dit : «  Je voudrais que tu invoques Allah ta^ala pour qu'Il accorde le repentir à mon patron afin qu'il ne boive plus jamais de vin ». Le Chaykh leva les mains et dit de belles invocations à haute voix dont l'écho s'entendait dans toute la mosquée et toute l'assistance dit : « 'amin ».

Le Chaykh dit ensuite : « Et maintenant quelle est donc ta quatrième invocation ? ». Mansour répondit : «  Je demande que Allah me pardonne, ainsi qu'à mon patron, ainsi qu'à vous Chaykh Mansour, ainsi qu'à tous ceux qui sont présents ». C'est alors que le Chaykh leva les mains, invoqua Allah, et les gens dirent « 'amin » pour ses invocations.

Mansour remercia alors le Chaykh et les gens présents dans l'assemblée, puis il quitta la mosquée. Lorsqu'il arriva auprès de son patron, il vit que celui-ci l'attendait seul, d'un air impatient. Il l'interrogea au sujet de ce retard. Mansour raconta ce qui s'était passé et le commerçant lui dit : « Et quelles sont donc les invocations que le Chaykh a fait ? ».

Il lui répondit : «  J'ai demandé pour moi-même de conserver mon travail ». Le commerçant lui dit : « N'aie aucune crainte, je te garderai parmi mes employés. Et quelle est donc la deuxième invocation ? ». Il lui dit : « Que Allah m'accorde des bénédictions dans mes biens ». Le commerçant lui dit : «  Voici un don que je te fais de quatre mille dirham, que Allah t'accorde des bénédictions. Quelle est donc la troisième invocation ? ». Il lui dit : « J'ai demandé à Allah qu'Il vous accorde le repentir ». Le commerçant dit alors : « Je fais le repentir sincèrement par recherche de l'agrément de Allah ^azza wa jall. Que Allah te fasse miséricorde. Dis moi donc quelle est la dernière invocation ? ». Il répondit : « J'ai demandé à Allah qu'Il me pardonne, qu'Il vous pardonne, ainsi qu'au Chaykh et à ceux qui étaient présents dans l'assemblée ». Le commerçant lui dit : «  Certes, c'est Allah tabaraka wa ta^ala Qui pardonne les péchés ».

Lorsque le commerçant s'endormit la nuit, il vit dans le rêve un homme lui dire : « Tu as fait ce que tu as voulu faire, et Allah ta^ala fait ce qu'Il veut. Sache que Allah t'as pardonné, ainsi qu'à Mansour, ainsi qu'au Chaykh et à tous ceux qui étaient présents dans la mosquée ».

On retient de ce récit l'importance de se fier à Allah et de ne pas Lui désobéir en raison des épreuves du bas-monde. On y retient également l'importance de l'invocation et de la bienfaisance.